La vie de René -4- Les chevaux et les taureaux
Voici la fin du sympathique voyage avec René. On vous rassure, tout ne se termine avec son départ à la retraite. Il reste toujours très actif et accueille encore les enfants dans son atelier pour leur montrer la maquette de la ferme, et leur expliquer "la vie d'avant". Son témoignage est essentiel.

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En hiver je garde entre quinze et vingt chevaux dont un étalon camarguais acheté à St Gilles, ce qui me permet, tous les ans, d’avoir quatre ou cinq juments qui poulinent au printemps. Toutes les années, pour la saison d’été j’achète quatre ou cinq nouveaux chevaux et des amis m’en laissent en pension (quatre ou cinq également) pour les dresser. A l’automne, je revends quatre ou cinq jeunes, souvent à des clients qui me les confient à nouveau au printemps suivant.

Comme il y a souvent de la neige dans les champs dès le début du mois de novembre, les chevaux ne peuvent plus manger dans les prés. Nous les descendons alors à St Pierre de Mésage et à St Barthélémy de Séchilienne, là où l’herbe est encore accessible, jusqu’à fin décembre. Cela nous permet d’économiser du fourrage.

L’activité principale de ces chevaux est la promenade avec les enfants des colonies de vacances qui viennent sur la station mais aussi pour quelques touristes adultes.

Les principaux clients : UFOVAL, Sélestat, les centres de vacance de Serre Soleil, des PTT, de Moulin Vieux, de Laffrey.

L’équipe qui part en promenade se compose généralement d’un accompagnateur, de sept enfants, d’un moniteur de la colonie et d’un jeune de chez nous. Pour les promenades de débutants, nous avons un jeune de chez nous qui monte le cheval de tête suivi d’un ou deux enfants, ma femme et moi, nous accompagnons à pied.

J’organise aussi des sorties à la journée du Désert à Laffrey. Pour cela je pars le matin vers 7h avec les enfants de la colonie de Moulin-Vieux en direction de Laffrey ; arrivés sur place, vers 9h, les enfants passent la journée au lac avec leurs moniteurs. Pendant ce temps je fais des balades avec les enfants de la colonie de Laffrey, et vers 17h je repars avec les enfants de Moulin-Vieux pour être de retour vers 19h.

Avec tous ces chevaux, nous participons aux rassemblements de tourisme équestre de la Loire, de Savoie, de Haute-Savoie, et de l’Isère. Nous partons à huit ou dix cavaliers, et autant de chevaux, pour sept jours. Nous dormons dans le camion et nous avons souvent un fourgon et une voiture, ce qui nous rend complètement autonome durant le séjour.

Pendant plusieurs années, nous participons aussi au corso fleuri de Vizille ainsi qu’à diverses petites manifestations dans les environs.

Nous organisons également toutes les années des jeux équestres avec nos jeunes qui sont très volontaires.

En 1975 le drame du «5/7» fait 147 morts et la législation sur les établissements recevant du public se durcit fortement. Depuis ce drame nous avons des visites régulières des pompiers, la législation évolue très rapidement et nous impose beaucoup de travaux pour assurer la sécurité des personnes fréquentant nos structures. La liste des travaux à exécuter est tellement importante que j’annonce aux pompiers la fermeture de mon établissement. Pour éviter cette fermeture, les pompiers acceptent, après négociation, que je fasse la mise en conformité en plusieurs étapes.

Le plus urgent est de mettre la chaudière dans un local isolé et de créer une chaudière pour produire de l’eau chaude car j’ai cinq points de feu dans les bâtiments.

La législation continue à évoluer très rapidement et nous impose toutes les années de nouveaux travaux, nous avons l’impression de mettre de l’argent dans un gouffre sans fond.

L’AROVEN, académie d’Orléans qui est un de mes principaux clients, été comme hiver, a eu vent de notre «ras le bol» de tous ces travaux et s’est montré intéressé par l’achat du bâtiment. En discutant avec la direction, elle nous fait savoir que cet établissement aurait droit à des aides pour la mise en conformité complète du bâtiment et décide de l’acheter. Le marché se conclu en 1980.

Je vends les locaux mais je garde la licence du bar-restaurant. Je décide d’acheter un terrain au champ de la Fond, en face du téléski des Cochettes. Je dépose un permis pour construire une nouvelle « chaumière » mais celui-ci est refusé car l’emplacement ne convient pas, il est dans le cône d’envol d’un futur altiport. Un nouveau permis, déposé plus bas et plus près de la route est accepté. En 1980 je transfère la licence de «la Chaumière du Champ du Serre» à «la Chaumière du Champ de la Fond». Le restaurant fonctionne désormais à cet endroit pour de nombreuses années.

En 1975, il n’y a plus que 15 vaches et mes chevaux à la montagne. Avec Roger Vincent, le Maire, nous arrivons à convaincre le Conseil Municipal de louer cet alpage et pour cela nous devons construire une clôture de deux kilomètres de barbelés sur deux rangs. Dès la première année nous avons soixante génisses. Je suis chargé de la gestion de cet alpage jusqu’à ma retraite. L’alpage a très vite grandi pour recevoir jusqu’à cent-soixante génisses. Au début, nous étions obligés de retirer cinq-cents mètres de clôture pour dégager les pistes de ski. La mise en place de la clôture électrique a été pour nous une bonne découverte.

En automne 1983, avec mon neveu Jean-Patrice, nous achetons six vaches camarguaises et nous aménageons dans le manège une contre-piste, des estrades et nous sonorisons l’ensemble. Après avoir terminé ces aménagements, nous organisons une fois par semaine des jeux avec les vachettes. Cette animation connaît un grand succès et pendant six ans attire beaucoup de monde.

Pour faire pâturer ces vachettes, juste derrière la ferme je fais un solide parc muni de cinq rangées de fil de fer barbelés afin qu’elles ne s’échappent pas.

Mais, un soir, début juillet, alors que je m’apprête à rentrer les vachettes dans le toril, les deux personnes étrangères qui m’accompagnent et le bruit des enfants de la colonie voisine effraient les vachettes. Ces dernières sautent les barbelés et s’enfuient dans le Désert. Je tente bien de leur couper la route pour qu’elles reviennent vers le parc, mais en vain car elles sont très rapidement sous le Désert vers les rochers. Pendant une semaine, elles se promènent dans toute la station, je n’arrive pas à les attraper et finalement elles passent tout l’été dans le bois de la Cochette. Fin septembre alors que tout est calme, elles rentrent finalement toutes seules dans l’enclos.

Malheureusement elles ne sont plus que trois car les trois autres se sont « dérochées » (elles sont tombées d’une barre rocheuse).

Au mois de décembre, pour continuer mes animations, je suis contraint de descendre dans le midi pour racheter trois vachettes.

Par la suite, je me fais prêter un taureau de race «Tarine» et certaines vachettes font des petits veaux.

Je garde toutes ces bêtes pendant six ans, ensuite je les revends car j’ai satisfait mon désir de créer cette animation, mais elle me coûte trop cher et je préfère arrêter.

RM

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Cet article est la suite de ceux paru récemment :
- la vie de René -1- L'enfance (à relire ici : http://www.lalpedugrandserre.com/2016/01/la-vie-de-rene-1-l-enfance.html)
- la vie de René -2- les moutons (à relire ici : http://www.lalpedugrandserre.com/2016/02/la-vie-de-rene-2-les-moutons.html)
- La vie de René -3- Le charbon de bois et le ski (à relire ici : http://www.lalpedugrandserre.com/2016/02/la-vie-de-rene-3-le-charbon-de-bois-et-le-ski.html)

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Les dates marquantes de la vie de René MISTRAL

Naissance : le 23 novembre 1939
Mariage : 1965 .De ce mariage naîtrons : Fabrice en 1968 et Christophe en 1971
Divorce : 1985
De 1954 à 1959 : Je passe l’hiver dans le midi et l’été à La Morte
1955 : Je passe 3 semaines d’école de berger au Merle
1962 : Je passe 2 mois d’école de berger à Rambouillet
De 1955 à 1959 : Transport du charbon de bois l’été
De 1960 à 1962 : Service militaire
De 1963 à 1990 : Acquisition de la « licence IV » et exploitation du bar /hôtel /restaurant
1972 : Remplacement des vaches par des chevaux et acquisition de la carte professionnelle de loueurs d’équidés
1974 : Obtention du brevet d’accompagnateur de tourisme équestre
1977 : Obtention du brevet d’aptitude 1er degré
1995 : Obtention du brevet professionnel animateur technicien jeunesse sport loisir de Plaine Cure
De 1975 à 1979 : Prise en charge et gestion de l’alpage
De 1983 à 1990 : Animation de la station avec des vachettes Camarguaises
De 1965 à 2012 : Conseiller Municipal et Adjoint pour les trois derniers mandats
De 1990 à 2008 : Inscription à la chambre des métiers sous l’intitulé : article de Paris petits objets en bois
1992 : Construction d’un appartement sur l’écurie
1998 : Construction de deux appartements sur l’écurie
1999 : Prise d’une retraite bien méritée

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