Le vieux rêve de René s’est enfin réalisé : retrouver et parcourir à nouveau le chemin qui va de La Morte à Saint Barthélémy de Séchilienne.

Oui, jusqu’en 1936 (avant la construction de la route départementale RD 114 appelée aussi « route inter-vallées »), les Mortillons qui voulaient aller à Vizille ou à Grenoble devaient descendre par ce côté du col.

Depuis ce temps, seuls des chasseurs ont quelquefois parcouru partiellement ce chemin.

Redécouvrir cet itinéraire reste encore aujourd’hui une aventure !

Depuis longtemps, ce projet proposé par René était différé, et puis Guy a décidé de prendre le sujet à bras le corps en choisissant une date ! Allez, ce sera samedi 19 Juillet à 9 heures et on verra bien qui peut venir.

Le premier problème ce n’est pas de descendre mais bien de remonter…

Alors il faut s’organiser pour descendre des voitures à St Barth et remonter avec une autre pour être au rendez-vous à 9 heures devant la mairie.
Ils sont venus, ils n’étaient pas tous là, un groupe de quinze jeunes retraités armés de bonne humeur, de bâtons, d’objets tranchants (coupe branche, sécateur, hachereau…) et bien sûr de quelques subsides dissimulés dans les sacs à dos…

Tous animés de l’envie de découvrir ce chemin, de retrouver des lieux de vie aujourd’hui oubliés, de lieux empreints d’histoire et de souvenirs racontés par les parents de certains.

Cette troupe de quinquas, de sexas, et de septuas… sous la conduite d’un guide de 1ere classe, René, est prête pour l’aventure.

Une heure… une heure qu’il avait dit le gars René !!!! C’est 3 heures 30 qu’il leur a fallu… Où est l’erreur ?

Ha oui, il était jeune le René à l’époque ! Hé oui, ils sont vieux maintenant ! La différence doit être entre les deux et puis c’était le temps d’avant (on ne comptait pas les minutes).

D’autres déclaraient après la descente « si on avait su, on aurait pas venu !!!! »
Enfin, cela c’était pour sourire, rigoler un peu de la belle aventure passée.

Partis de la mairie vers les pistes de ski de fond, nous traversons des coupes de bois, nous passons en dessous de la conduite forcée, et nous voilà au milieu des bois. La trace du vieux chemin, pas carrossable (un sentier en fait), est repérable si l’on fait attention et parce qu’on a confiance dans le guide René.

Tout d’abord des sapins et des épicéas, puis progressivement les fayards se font plus fréquents, et puis y a de la pente.
René nous a parlé de la maison de la Philomène qui devrait bientôt être là.
Quelques frênes âgés… le terrain devient plus plat. « Mais oui… regardez, il y a un reste de mur », et chacun en son for intérieur de se poser la question « qui pouvait habiter ici à trois quart d’heure de la Morte au milieu des bois » ?

Pourtant les vestiges l’attestent, deux corps de bâtiment distincts, l’un composé de deux parties et l’autre un simple plan carré. Un bout de tuyau de cuisinière, une vieille casserole, quelques pierres de chaînage encore appareillées, signalent l’angle d’un mur... Difficile en un quart d’heure de bien comprendre l’ordonnancement des lieux et l’attribution des différentes parties. Mais « la Philomène du FIAT » (comme on disait de la commune de St Bart) vivait là, sans doute encore juste avant la guerre de 1940, en compagnie de quelques chèvres et poules, au milieu des prés (les bois n’avaient pas poussé).

Allez, on continue ! Attention, dit René après « c’est RAZ » …. Il faut entendre par là « c’est raide, il y a de la pente », et certain de penser « mes genoux vont souffrir », mais restons dignes, les anciens ne se plaignaient jamais….

En effet le chemin se met à décrire des zig zag puis traverse des barres rocheuses (hautes d’une quinzaine de mètres), puis soudain nous voilà sur un surplomb avec une vue magnifique sur la vallée : on voit le Sappey, les Ruines de Séchilienne, et plus loin la plaine de Champs sur Drac. On découvre la trace d’une « charbonnière » (lieu où l’on fabriquait du charbon de bois), l’emplacement de la couche d’un chevreuil, quelques rares chanterelles…
Ce petit belvédère est un bon prétexte : il est temps de « casser un bout de croûte » !

Le saucisson apparaît, le pain, le chocolat, le fromage : le René avait tout prévu !

Puis, c’est reparti pour la descente. La forêt est plus claire : le hêtre est là, mais aussi le châtaigner et quelque autres essences.

Le chemin est toujours là, la pente aussi, nous cheminons sur une crête. Mais la présence de feuilles mortes et de branchages encombre et gêne la marche. Kléber est à l’œuvre devant
(et que je pousse, et que je soulève, et que j’écarte tous ces branchages pour que le reste de la troupe puisse passer). Guy joue du sécateur pour « fignoler » le boulot.

Soudain, sans crier gare, on entend à nouveau le bruit de la civilisation …. En effet nous approchons de la route, on entend des voitures.
Puis au détour d’un virage une, puis deux, puis trois maisons, encore debout mais pas de première fraicheur : nous sommes arrivés aux Grandes Combes un ancien hameau au-dessus de St Barth . Un vieux fourneau est là dans les bois, un tuyau de cheminée, des hortensias d’un bleu magnifique à côté de l’entrée d’une des maisons, des portes semi-enfoncées… Des lianes ont poussé au travers des fenêtres... Nostalgie. Certains de dire « ils devaient être bien les gens en ces lieux » ? On ne sait pas, mais on l’espère pour eux…..

Nous traversons la route, en faisant signe aux cyclistes, et nous reprenons le chemin là en-dessous.

« Attention ça gliiisssse »… et voilà, c’est Danielle qui est à terre, et puis cinquante mètres plus bas, c’est au tour de Bernard. En effet, ce chemin plus large est pavé (et les pierres mouillées et moussues obligent à redoubler de prudence).

Nous longeons un mur en belles pierres de plus de 2 mètres de haut érigé pour retenir les champs du dessus. Comment ont-ils fait les anciens (sans machine) pour soulever, placer et caler ces grosses pierres ? En tout cas, bravo les artistes, et en plus ça tient toujours !

Progressivement on s’approche de St Barthélémy, le chemin devient plus propre (il est encore pratiqué pour desservir quelques champs et jardins). On aperçoit bientôt les premiers toits, en bon état ceux là, la nouvelle école et le quartier des Sallots.
Ca y est, on est arrivés, et c’est au tour de Marie Hélène de chercher des yeux la maison de ses aïeux (natifs du quartier) et de raconter des anecdotes sur la vie d’autrefois, et de rappeler des prénoms, des noms de gens sans doute disparus…
Mais les lieux lui parlent… nous parlent.
 

Contents de ce « voyage un peu hors du temps », mais surtout à la recherche du temps passé, nous revenons ravis et riches d’en avoir appris un peu plus sur ces temps révolus.

Les voitures sont là et c’est la remontée.
« Rendez-vous à la salle hors sac ».

Un petit « mange-mange » improvisé s’organise, une tablée de quinze « découvreurs ».
Les rillauds, le saucisson, le pinard, les tartes apparaissent. Les échanges se font dans la bonne humeur. Les sourires sont là et la technique moderne aussi : nous apprenons grâce au GPS de Sylvain que nous avons parcouru 6 kms, que nous avons fait 870 mètres de dénivelé négatif, et que nous avons fait 2 heures et 7 minutes de marche effective …

Puis René nous apprend qu’il y a un autre chemin qui permettait également de rejoindre
St Barthélémy : celui-là part de Jean Poncet et passe à côté de Belle Lauze …
C’est décidé, on va le faire ! La date va être fixée en Août... quant à la durée … le gars René y veut plus se prononcer….. Une heure qu’il avait dit !!!!

Un grand MERCI à toi René pour nous avoir fait découvrir cet axe de communication vers la vallée, pratiqué par les anciens.

Ils l’empruntaient pour aller travailler dans les usines de la vallée, ou vendre quelques denrées (œufs, fromages, poulets, lapins, fruits de leur labeur là-haut…) pour ensuite rapporter des trésors (quelques sous, habits neufs, chaussures, outils, friandises ou des bijoux pour la « promise »)…. que d’histoires !

DC

 

Ils le faisaient autrefois : ils l’ont refait l’autre jour

Départ : de la mairie de La Morte 1354 m (RD 114), La maison de la Philomène 1155 m, La Renchère

800 m, La Combe 610 m, Les Sallots 484m, mairie de Saint Barthélémy de Séchilienne.

Linéaire parcouru : 6 Km environ

Dénivelé : - 870 m

Durée : départ vers 9h, arrivée vers 12h20, et 2h07 de marche effective.

La Morte via La Philomène vers St Barthélémy de Séchilienne

La maison de Philomene

La maison de Philomene

Un chemin bien pentu

Un chemin bien pentu